L'emprise: un téléfilm choc sur la violence conjugale

Publié le par Bloc-note-de-la-Curieuse

Hier, lundi 26 janvier à 21H, il avait ce téléfilm L'emprise. Je l'ai regardé car le sujet, une femme battue qui tue son mari pour sauver sa vie et celle de ces enfants, me semblait percutant. A la fin, à l'acquittement, j'ai pleuré. J'ai été bouleversée. J'ai pensé à elle en m'endormant et ma première pensée ce matin a été pour elle. Et je ne peux pas m'arrêter de tourner son histoire en boucle depuis...

 

Le téléfilm est interprété avec brio. Odile Vuillemin est incroyable. Je ne connaissais pas cette actrice et son jeu (et non, je ne regarde pas Profilage). Mais dans se rôle, elle est poignante d'émotion. J'ai eu mal pour elle. Je vivais sa douleur. Ses yeux arrivaient à exprimer une détresse et une tristesse sans fond. Et comment ne pas parler de Fred Testot dans le rôle de l'odieux Marcello. Lui qui a sait tellement nous faire rire a su nous faire trembler et nous dégoûter. Il était méconnaissable. Marc Lavoine, au départ un peu détestable, a su dans la scène finale dire les bons mots, d'une vérité absolue, que les personnes victimes de violence ont besoin d'entendre.

 

Parce que cette horrible histoire, le quotidien d'Alexandra Lange, beaucoup le vivent ou l'ont vécu... Ca commence par des paroles, des claques puis l'homme martèle de plus en plus fort et de plus en plus souvent. Il y a les humiliations, l'isolement, la honte, la perte de confiance qui que la femme ne part pas, ne parle pas et reste sous cette emprise.

 

Souvent on se demande pourquoi elle reste? Pourquoi personne ne parle? Que font les autorités et l'administration? Le film a parfaitement montré la réalité. La femme devient isolée de ses proches car la famille et les amis baissent les bras et ont peur pour eux en voulant aider. La société n'aide pas... La gendarmerie prend les plaintes mais il n'y a pas de sanctions. La justice est absente. L'assistante sociale (la scène m'a dérangée et choquée) qui ne bouge pas, qui laisse cette femme dans sa misère et face au danger en toute indifférence. C'est une bien vilaine image pour nos administrations sociales qui devraient penser à rectifier le tir. Le summum vient du voisinage et de cette politique de l'autruche. Quelle honte à cette femme qui se cache derrière un drap et ses hommes qui discutent avec un monstre de violence comme si de rien n'était. Une chose n'a pas été évoquée dans le film, c'est l'école. N'y a t'il pas eu des signalements ou est-ce que dans ce lieu de protection de l'enfance, on a aussi fermé les yeux?

 

Outre cette "aide" extérieure, il est difficile pour elle de partir car il y a ce chantage affectif de son mari. La peur de la culpabilité s'il se tue. La peur qu'il s'en prenne aux enfants et le devoir de les protéger. L'absence de confiance qui fait qu'elle croit que c'est tout ce qu'elle mérite. Coups, insultes, viols deviennent des banalités du quotidien. A notre époque, ce n'est pas normal.

 

Mesdames et Messieurs, à la première gifle, à la première humiliations, il faut partir. Si vous êtes dans cette situation, ne rester pas isolés, parlez à vos familles, amis même si cela fait longtemps, ils vous écouteront, appelez les services sociaux et partez!

L'emprise, j'espère va faire changer quelques mentalités et aider les personnes victimes de violences conjugales à appeler à l'aide. Ce téléfilm doit être diffusés dans tous les lieux où le sujet peut être traité (établissement scolaire, services sociaux, hopitaux...).

Je dédie cet article à deux personnes:

A ma grand-mère qui a connu cette expérience inhumaine qui a du attendre que mon grand-père quitte ce monde pour être délivrée car, à l'époque, les services sociaux s'en moquaient de ses situations et c'était honteusement des faits banals. Elle a défendu ses enfants pendant des années, essayant de les protéger du mieux qu'elle pouvait. Elle a souffert et a subit les pires humiliations. Aujourd'hui, elle en parle plus car elle ressent encore du chagrin. Je suis admirative de son amour, de sa force. Je l'aime de tout mon coeur et je suis heureuse et fière qu'elle soit ma grand-mère.

A une amie qui se reconnaîtra. Je m'excuse d'ailleurs auprès d'elle d'avoir, pendant une période, laissé tomber sous la menace, de ne pas avoir peut être plus alerter sa famille... Cette femme est courageuse, elle a su partir pour elle et ses enfants. Elle se bat encore pour sa sécurité. C'est femme forte, je l'admire et je suis fière d'être son amie.

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C
Grand merci pour votre billet et j'aimerais apporter plus à votre texte. Comme nous ne pouvons pas avoir ce que nous voulons, alors par habitude apprise, nous réagissons inconsciemment, sans choix, avec violence verbale afin d'intimider, de faire peur à l'autre, de le culpabiliser afin d'arriver à nos fins, d'obtenir quelque chose, sans égards à l'autre. Nous l'obligeons à vivre pour nous et non avec nous.<br /> <br /> Par conséquent, lorsque nous voulons quelque chose de l'autre, nous l'abordons avec une seule possibilité, un seul désir, une seule fin, qui est la nôtre. Cela crée des désaccords qui se transforment ensuite en conflits puis en divisions. <br /> <br /> Est-ce que cela a du sens ?
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